Bonjour ma chérie,
Tu ne verras certainement pas ce message, mais au moins je l'aurai écrit.
Je viens de faire ce qu'il pouvait y avoir de pire qu'une mère puisse faire, c'est de dire à sa fille que je ne veux plus la voir. Chrystelle sache que si ta vie est difficile pour toi, elle est encore pire pour moi. Tu m'as tellement déçue, de toi, celle que je chérissai, que j'adorai, tu ne pouvais pas faire pire. Je pensai que tu étais heureuse avec moi, j'essayai de combler le manque de ton père, que tu ne voulais plus voir, pour diverses raisons, notament sa violence et son austérité. Je vois qu'au contraire, il fallait que je durcisse et que je ne te laisse pas faire toutes ces choses que je t'ai autorisé ; on me le disait, je les envoyais paître.
Je reconnais avoir été trop laxiste envers toi, j'aurai du être une mère avant d'être ton amie, je le regrette sincèrement. Pour autant, je ne t'ai jamais fait de mal, j'ai toujours voulu que tu es tout ce que tu avais besoin, et ne lésignait d'ailleurs pas à ce titre les dépenses.
Je suis désolée, mais je n'arrive pas à te pardonner sur ce que tu m'as fait. Pour moi je ressens ça comme une trahison, je me sens salie, outrée, vexée, mère indigne, je me culpabilise pour le simple fait de t'avoir punie et te priver d'un W.E. de sortie.
Quand serait-il si je t'avais frappée, une bonne gifle, peut être est-ce simplement ça que tu cherchais, peut-être qu'un brin de sévérité aurait tout changé.
Chrystelle tu étais ma fierté, tu travaillais bien à l'école, tu es intelligente, sérieuse, conscienseuse, regarde où tu en es aujourd'hui, regarde où nous sommes arrivés.
Je ne sais pas si un jour, tout redeviendra comme avant, je ne pense pas d'ailleurs, mais je voulais que tu saches une chose, la chose essentielle, je t'aime.
Lorsque tu auras des enfants plus tard, tu comprendras ma détresse, tu comprendras également ma violence verbale sur ces faits, tu comprendras que ce n'est qu'amour.
Alors oui ma puce, je préfère ne plus te voir, plutôt que souffrir intérieurement, j'en suis malade, j'ai tellement mal, que je n'arrive même pas à l'extériosiser ; alors je me pose la question, quand la soupape va t-elle rendre l'âme ? Tu sais que je suis malade en ce moment, pourtant tu ne t'en soucis pas, je risque de lacher d'une minute à l'autre, mais ça tu t'en fous.
Hier, tu n'as pas su me dire je t'aime, dit moi Chrystelle, penses-tu vraiment que je mérite ça ?
Je te demande juste lorsque tu seras prête à te pardonner de tes faits, à t'excuser de tes mots, de venir, me serrer dans mes bras et de me dire, maman je t'aime, excuse moi.
Voilà, mes larmes m'empêchent de finir tout ce que j'ai envie de te dire, je te souhaite une belle vie, mieux que la mienne et que tu ne vives jamais ce que je vis.
Ta maman