Voila je viens de découvrir votre forum et il m'est un peu aparu comme un donc du destin car en ce moment c'est pas la joie et je l'ai découvert totalement par harsard... Enfin bref, je vous raconte mon histoire.
Quand on parle d'alcoolisme, la plupart du temps, on pense au père alcoolique, souvent violent. La plupart des enfants vivant dans cette situation ont leurs parents divorcés et donc ils croisent leur père dans la rue de temps en temps. Je le sais car j'ai été dans un groupe de parole avec des enfants de parents alcoolique, les alateens. C'est une filière des AA, les Alcooliques Anonymes, et j'étais la seule qui n'était pas dans cette situation, parmis une 30ène de personne. C'est pour ca que j'ai vite quitté le groupe.
J'ai eu une enfance fabuleuse, enfin jusqu'à 7 ans. On habitait à Paris avec mon père et ma mère. Tout était parfait. Puis un jour, mon père a été muté à Genève pour son boulot. Moi, je me suis très bien adaptée, j'avais 7 ans. Par contre ma mère beaucoup moins bien. Elle avait perdu ses amis, ses études (pas d'équivalence en suisse), tout quoi. Elle a commencé à boire. Souvent je la voyait le soir qui s'allongeait dans le canapé, préextant un mal de tête. Un jour mon père m'a dit qu'elle était alcoolique. Je ne savais pas ce que c'était moi, je ne comprenais pas. Dans ma tête elle était simplement malade et ca la fatiguait. J'avais même pas fait le rapprochement entre alcoolique et alcool. C'est pour dire...
Enfin bon, à partir de ce moment-là, ca a été l'enfer. Ma mère était ivre tout le temps, de plus en plus fortement et de plus en plus tot dans la journée. Je me faisait à manger seule (a 8 ans), je devais la porter jusqu'à son lit, la relever quand elle tombait, appeler le SAMU quand elle tombait... Mon père, toujours en voyage d'affaire, n'était jamais là. Nos voisins m'aidaient, mais je ne voulais pas les déranger trop non plus.
Personne n'imaginait le stress que ca me causait. J'avais peur qu'on découvre ca à l'école, je n'en parlais à personne et m'éloignait de tout le monde par peur qu'on le découvre. J'étais totalement seule. Quand j'en parlait à quelqu'un, on se disait "fait un effort, elle a besoin de toi etc etc" mais personne ne pensait à ce que je ressentait. J'était totalement isolée. Ma mère venait me chercher ivre à l'école, et chaque jour, j'avais peur d'avoir un accident, et très souvent, on en était pas loin. Et pourtant ca continuait. Personne ne faisait rien. Je cachait tout, j'étais une gamine de 8 ou 9 ans qui faisait comme si tout allait le mieux du monde, qui n'avait aucune amie, aucune mère et un père absent. Je me disputait tout le temps avec elle, je la poussait hors de ma chambre, elle tombait, je m'en foutait. Je voulais la paix. J'ai souvent pris un sac et je m'en allait dans les champs derrière chez moi. Je revenais vers 21h, quand mon père était rentré et c'était occupé d'elle. J'ai souvent pensé à ne pas rentrer, mais je n'en avait pas le courage.
Ma mère a suivit je ne sais combien de cure de désintox. J'avais la paix pendant un mois lorsqu'elle y était, et quand elle revenait, en 1 semaine tout redevenait comme avant. Rien n'avait changé. Elle a quand meme été sobre pendant un an, quand j'avais 14 ans. Cela du à un accident de voiture qui lui fit perdre son permis. Sans permis, isolés comme nous l'étions dans une maison un peu dans la campagne, c'était dur pour elle de trouver de l'alcool. Ce fut une année merveilleuse. Vous n'imaginez pas à quel point j'ai pu aimer ma mère durant cette année-là.
Et un an plus tard elle replongea. Ce fut la fin de tout. Moi j'en pouvais plus, j'en avais marre. Voir ses espoirs s'envoler, voir tout redevenir comme avant, c'est quelque chose d'affreux! J'en ai voulu à ma mère! Tellement! Mon père a alors demandé le divorce, comprenant que ce ne pouvait plus durer. On a déménagé à Nantes l'an dernier. Mon père et moi dans un appart, ma mère dans un autre a 200m de chez moi. On se voyait de temps en temps, mais elle était tout le temps ivre. Je ne la voyait même plus sobre, jamais. C'était presque pire... J'en avais marre!
Puis, il y a un peu plus d'un an, ma mère s'est suicidée. J'ai éclatée quand je l'ai su, mais j'ai aussi vite relativisé: c'était la fin, enfin, et c'était mieu pour elle. Sauf que maintenant, je n'arrive pas à supporter le fait qu'elle m'ait abandonné. J'ai besoin d'elle, j'en peux plus! J'ai cherché à comprendre ce qui c'était passé dans son enfance pour qu'elle ne puisse pas supporter sa vie (car il s'est clairement passé quelque chose). J'ai su que ses parents ne l'avaient jamais acceptée, mais rien de plus. J'ai eu beau chercher, personne ne veut parlé, et personne ne comprend que j'ai besoin de savoir. D'après son confident (qui était en quelque sorte son psy), mon grand père aurait voulu la tué dans sa jeunesse, et ma mère en faisait des cauchemars. Il en est arrivé à ses fins, il l'a tué mentalement. J'en veut à mes grand parents, mais je dois faire mon hypocrite et faire style que je les adorent pour leur donner une raison de vivre. Mon grand père me considère comme responsable de la mort de maman, et parfois j'ai envie de ne plus jamais lui parler pour ca...
Maintenant j'ai relativisé, mais je sais que mon passé est toujours en moi. Je n'arrive pas à etre heureuse très longtemps, car mon passé me rattrape toujours. J'ai fais une TS pour aller la rejoindre et quitter ce monde pourri, mais je ne suis arrivée à rien. J'ai toujours eu l'impression que je ne pourrais que déprimer toute ma vie, que je le mérite, et c'est toujours le cas. Je fait toujours en sorte de prendre la mauvaise solution, je sais pas si c'est conscient ou inconscient. Je ne supporte pas d'etre heureus. Dès que je le suis trop, je me laisse déprimer, je fais une action irréparable comme casser avec mon copain, car je suis incapable d'etre heureuse. Mais ca personne ne le sais et beaucoup me détestent car je fait du mal aux autres en même temps qu'à moi ou car je suis différente vu que ma mère était alcoolique. Je n'ai jamais pu demandé l'aide d'un psy à mon père ni à qui que ce soit donc voila vous êtes les premiers à qui je parle de tout ca...
J'espère ne pas vous avoir saouler avec mon histoire... Mais merci de m'avoir écoutée, ou plutot lue.
Sujet: Une histoire, mon histoire 
